Enjeux sanitaires

Les impacts du numérique sur la santé

Clément Dussarps

55 %des enseignants qui entrent dans le métier estiment que le numérique expose les élèves à des risques pour leur santé (eRISK, 2017)

Le numérique imprègne les foyers en France au travers de différents outils : parmi les enfants de 12 ans et plus, 81% accèdent à un ordinateur fixe ou portable, 73% à un smartphone, 44% à une tablette, chiffres en augmentation au fil des années quel que soit le type d’outil et auxquels on pourrait ajouter l’accès en dehors du domicile (en particulier au travail). La majorité utilise tous les jours leur smartphone (79%) et l’ordinateur à domicile (53%). Ces usages réguliers ne sont pas sans poser question quant aux problèmes de santé que l’on peut développer, notamment sur le plan physique (problèmes de dos, musculaires, de vue, etc.). Si le travail sur écran a longtemps été considéré comme sans danger (on s’intéressait avant principalement aux salariés amenés à travailler fréquemment avec, comme les opératrices de saisie), les plaintes ont augmenté au fil du temps (Cail et Aptel, 2006). Les salariés sont loin d’être les seuls concernés, l’usage du numérique étant général, notamment chez les jeunes publics : aux USA, en 2013, le temps passé devant un écran atteignait 9,7 heures par jour, incluant la télévision (Rosenfield, 2016). En France, une étude de 2017 indique que nous passons plus de 4 heures par jour sur un outil numérique (ordinateur, smartphone, tablette, console de jeux, etc.) et presque 4 heures devant la télévision.

Nous aborderons ici plus particulièrement trois types de problèmes rencontrés par l’usage fréquent et/ou intense des outils numériques : les risques pour la vue, pour le sommeil et les troubles musculo-squelettiques (TMS). Le premier point (la vue) fait écho à des études qui montrent qu’une activité prolongée face à un écran augmente la fatigue visuelle et peut provoquer un certain nombre de troubles, généralement de faible gravité et réversibles (Clayton et al., 2005). Le second point (le sommeil) relève également, en partie, de la lumière bleue émise par les écrans qui simule celle produite par le soleil, « trompant » alors le cerveau qui réagit en partie comme si nous étions le jour. Enfin, le dernier point (troubles musculo-squelettiques) est le plus étudié dans la littérature scientifique et met en avant de nombreux problèmes qui peuvent se traiter dès lors qu’ils sont pris en charge rapidement.

Nous n’aborderons pas ici les autres problèmes comme celui des risques liés aux ondes : ils sont encore sujets à controverse dans la communauté scientifique. Si certaines études sont peu voire pas du tout alarmistes pour ce qui concerne un usage habituel des téléphones portables, notamment, l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail française) recommande, par principe de précaution, de privilégier l’utilisation d’un kit main libre, de réduire l’exposition aux ondes si possible (par exemple en évitant de dormir avec un téléphone mobile sous son oreiller), en particulier pour les enfants,  etc.. Des travaux sont en cours et pourront éclairer plus précisément sur les risques avérés ; dans l’attente des résultats, nous n’aborderons pas plus le sujet ici.