Enjeux socioéconomiques

La fracture numérique est-t-elle toujours d’actualité pour les jeunes générations ?

Karel Soumagnac

57,90%des enseignants en début de carrière considèrent que les élèves sont susceptibles d'être touchés par des risques socioéconomiques (eRISK, 2017)

Le discours sur la fracture numérique remonte aux débuts des années 1990 avec la distinction entre les « inforiches » et les « infopauvres », introduite par différents rapports officiels au sein des pays de l’OCDE. En 1995, aux Etats-Unis Long-Scott parle de digital divide, c’est-à-dire de risques d’exclusion des personnes les plus pauvres qui n’ont pas accès aux NTIC notamment sur le plan de la vie démocratique. En France, à partir des années 2000, Ben Youssef va démontrer que la fracture numérique[1] peut porter sur quatre dimensions (Ben Youssef, 2004). La première concerne l’accès au numérique sur un plan matériel, c’est-à-dire les équipements et les infrastructures. La deuxième interroge les usages du numérique des différentes catégories de populations. La troisième est relative à la performance de ces usages, l’auteur soulignant que sur le plan culturel, certains groupes ou communautés parviennent plus vite que d’autres à utiliser de manière efficace et pérenne le numérique. Enfin la quatrième et dernière dimension a trait « aux modalités d’apprentissage dans une économie fondée sur la connaissance ». Depuis une dizaine d’années, il est de plus en plus question de fracture d’usages du numérique, notamment chez les jeunes. Cependant, à l’école, cette question de la fracture dans les usages est rarement évoquée. Comment alors faire en sorte que les élèves aient les mêmes moyens d’accès au numérique ? Comment identifier les inégalités de territoires et d’usages au quotidien dans le rapport que les élèves ont avec le numérique quel que soit le type de support et les conditions dans lesquelles ils peuvent y accéder ?

[1] L’expression de « fracture numérique » désigne « le fossé entre, d’une part, ceux qui utilisent les potentialités des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour leur accomplissement personnel ou professionnel et, d’autre part, ceux qui ne sont pas en état de les exploiter faute de pouvoir y accéder par manque d’équipements ou d’un déficit de compétences » (Kiyindou, 2007 : p. 1).